Albert, la rencontre.

Albert Einstein, personnage rare dont l'humilité force plus que jamais l'admiration, était mon ami. Notre rencontre eut lieu sur le campus de Princeton, où j'eus le privilège d'assister à l'une des nombreuses manifestations de son génie.

Une bonne pipe réunit les amis
C'était en juillet, par une chaleur à faire fondre un boeuf. Un petit homme timide mais décidé frappa à ma porte. Il y avait dans son oeil une expression qui semblait dire "Ne te fatigue donc pas, j'y suis déjà".  J'ai toujours su déceler le génie quand je le croise et je compris très vite qu'il était de la trempe de ceux qui peuvent tout.

"Sauriez-vous me dire où je pourrais trouver de la glace ?" me demanda-t-il avec un accent affreux. Je lui proposai quelques glaçons à moitié fondus de mon petit réfrigérateur personnel mais il fit la moue. "Pardon mais il m'en faudrait bien davantage, je suis sur le point de finaliser une petite invention !" Une petite invention ! Je jurerais avoir vu un clin d'oeil et sa réputation de modestie l'ayant précédée, je devenais fébrile, persuadé de vivre là un moment historique. Je lui indiquai donc les gigantesques chambres froides des cuisines du campus, situées dans un bâtiment proche. C'est taciturne et mystérieux, poussant le châssis d'un vieux landau bringuebalant qu'il m'accompagna. Les rares étudiants qui étaient encore dehors sous cette canicule ont dû nous prendre pour deux vagabonds égarés, mais il n'en avait cure, plongé qu'il était dans ses réflexions les plus secrètes.

Sans un mot, il remplit prestement deux baquets de glaçons qu'il cala sur le landau. Nous reprîmes le chemin de nos bureaux, aucun de nous ne rompant le silence, moi par déférence, pétrifié par l'instant que je vivais, lui par timidité, probablement. Il rentra à la hâte dans ses quartiers, refermant la porte derrière lui, me laissant à la fois fier et frustré d'avoir participé sans rien y comprendre à ce que les historiens appelleraient plus tard une avancée scientifique majeure.

Quelques minutes après il fit irruption, sans frapper cette fois, précédé par son landau : 
"Et voila !" me dit-il goguenard en français. "Je te présente la première glacière à roulettes ! Viens donc avec moi boire un coup, tu l'as bien mérité !" C'est avec ce tutoiement spontané et quelques bouteilles à vider que naquit notre indéfectible amitié.

Allemand d'origine, Albert était resté un grand amateur de bière.
J'appréciais beaucoup sa compagnie. J'ai connu grâce à lui quelques beaux succès galants, car malgré une allure négligée et une hygiène douteuse, cet homme jamais coiffé avait beaucoup de succès auprès des femmes et comme disait Papa : "C'est sur les traces du grand prédateur que l'on croise les plus belles proies !"


Mais ce qui m'impressionnait par dessus tout c'est qu'il était drôlement calé dans toutes les matières scientifiques. Il arrivait sans peine à résoudre les problèmes les plus ardus qui lui étaient soumis. S'il vivait encore il serait sans nul doute un champion de Sudoku !


Et je m'y connais !


Mon vieil ami Albert m'initiant aux rudiments de la mécanique quantique.

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Né le 29 février 1928, j'ai fêté mon vingt et unième anniversaire.

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